Terrain suivi lézards : nouvelle recette, encore plus de goût !

Cette année marque une toute nouvelle organisation et une nouvelle gestion du suivi annuel des populations de lézards vivipares dans les Cévennes. Pour rappel, j’ai repris l’an dernier la responsabilité de ce suivi, initié il y a plus de 30 ans par Jean Clobert. Les locaux étaient toujours gérés par la SETE, le laboratoire de Jean. Cependant, les locaux historiques hébergeant l’élevage étaient vieillissant et ne pouvait plus convenir pour cette tâche, d’autant qu’il me fallait officialiser la reprise de mon côté. J’ai donc pris la décision de déménager l’élevage dans des locaux plus appropriés à cette activité.

Du papier, du papier, du papier…

Durant l’année passée, il y a donc eu un travail énorme pour acter et officialiser cette reprise dans de nouveaux locaux. Première étape : le déménagement d’une semaine à 3 personnes (merci à Théo et Justine !) pour bouger touuuut le bazar d’un bâtiment à l’autre (malgré un énorme tri par le vide). Une belle galère, mais qui a permis d’aménager les nouveaux locaux en partant sur une base saine et une organisation revue. Deuxième étape, et pas des moindres : la paperasse. Accrochez-vous pour la liste : inscription au sein de l’établissement utilisateur, demande de dérogation de capture, certificat de capacité, déclaration d’ouverture et demande d’autorisation de projet. Chaque acte (à part le premier) demandant l’établissement d’un dossier d’une vingtaine de pages environ… Bref, j’y ai passé une bonne partie de cette année, mais chacun de ces dossiers a fini par virer au positif, au point que tout était en règle pour le début du terrain, une situation ma foi plutôt agréable comparé à l’alternative…

Troisième étape : la reprise des contrats. C’est là qu’on a basculé dans le Kafka le plus total… Ce qui aurait du être le plus compliqué (la reprise des baux de location) a été relativement simple : merci à la présidence de l’EPHE et au personnel administratif de l’EPHE pour leur efficacité et la Mairie de Villefort pour sa patience. Mais alors, ce qui aurait du être simple… Trois mois ! Trois mois pour obtenir un contrat d’électricité chez EDF, à base de harcèlement téléphonique de leur service client toutes les deux semaines, puis toutes les semaines, puis tous les deux jours. Quand on en est à organiser un relais avec les personnes du service financier pour harceler EDF pour obtenir la n-ième version d’un contrat dont toutes les erreurs auraient été corrigées, il y a probablement un soucis structurel du côté d’EDF… Et c’est sans compter le fait qu’en arrivant sur place, il a encore fallu les harceler, eux et Enedis, pendant 48h pour enfin avoir l’électricité dans le labo ! Côté Internet, on a eu Sosh qui a décidé d’annuler mon contrat parce que la « ligne est encore chez Orange Pro », alors que le résiliation a bien été effectué en Novembre dernier par la SETE. Pour être bien sûr que je sois informé que je n’aurais pas Internet cet été, Orange a mis le paquet en envoyant une bonne cinquantaine de lettres de résiliation (oui, oui, elles sont toutes identiques) :

Des nouveaux locaux

La grande nouveauté de cette année, ce sont donc les nouveaux locaux. Puisqu’ils ont été aménagés à l’automne dernier, ils sont utilisés pour la première fois cette année. À l’usage, ils sont vraiment mieux que les anciens, avec de très bons revêtements pour l’élevage, et la possibilité de rendre la salle d’élevage vraiment sécurisée. La température et l’humidité sont faciles à réguler, étant donné la configuration des locaux, les rendant naturellement frais et légèrement humides (tout ce qu’aiment les lézards vivipares !) : malgré la canicule, nullement besoin de la climatisation cette année pour éviter de fortes chaleurs dans l’élevage, même au pic de femelles présentes. Excellent (et surtout écologique) !

Un terrain chaud, très chaud

À l’exact opposé du terrain de l’an dernier, cette année a été particulièrement chaude. Ça a rendu les captures très complexes, les lézards étant peu incités à sortir par ces chaleurs. Ça donne un terrain assez épuisant : on passe longtemps sur le terrain, à chercher et capturer peu de lézards, et comme il ne pleut pas, chaque jour compte pour les captures, donc peu de repos… Malgré tout, nous avons réussi à atteindre notre petite centaine de femelles adultes capturées, comme tous les ans ! Un grand merci aux stagiaires de cette année pour leur persévérance ! Sans compter que cette année, des captures dans 15 populations différentes étaient prévues pour un projet de « jardin commun » (placer des juvéniles de populations différentes dans le même environnement) à Moulis, en collaboration avec Julien Cote. Ce projet a été coordonné par Théo Bodineau et Luis-Martin San José, avec le soutien de Jean-François Le Galliard et Leila Barrouillet. Ces captures n’ont pas échappés à la complexité liée à la chaleur et au sec, mais notamment grâce à l’efficacité légendaire de Théo et Jean-François, elles ont pu être menées à bien ! J’ai pu participer à certaines captures, explorant des coins vraiment sympas du Massif Central.

Dans le cadre de la thèse de Théo sur les causes et conséquences des variations sur la date de parturition du lézard, le contraste extrême (deux années record dans des directions opposées) entre cette année et l’année dernière va être très informatif !

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