Labellisation et financement à long-terme du terrain !
Cette année, j’ai enfin réussi à obtenir du financement de long terme pour le terrain, ce qui le met enfin à l’abri pour au moins 5 ans, voire plus !
Money, money, money
L’une des nouvelles les plus importantes de cet été est que notre suivi de population de lézards vivipares dans les Cévennes a été officiellement labellisée « Suivi à long terme du vivant » par l’Institut National Écologie et Environnement (INEE), la partie du CNRS qui dédié à… bah, l’environnement et l’écologie. Il s’agit d’une super initiative de l’INEE pour sélectionner les suivis à long terme, qui sont de grande valeur, et garantir leur existence en les finançant à long terme. Cela signifie qu’en théorie, l’INEE continuera à financer le suivi de lézards vivipares dans les Cévennes pendant des années à venir. Dans le cadre de ce label, on va devoir faire des données historiques une « vraie » base de données afin de les soumettre aux référentiels du Pôle National des Données de la Biodiversité. Ça va être fun !
Mais ça ne s’arrête pas là ! On a aussi eu deux projets ANR financés. L’un d’entre aux est un financement « Jeune Chercheur » dédié aux prédictions évolutives que nous pouvons faire sur notre population, grâce à une connaissance plus précise de l’architecture génétique des traits phénotypiques. Le deuxième projet est une collaboration avec grosso modo tous les collègues qui travaillent sur le lézard vivipare en France (Jean-François Le Galliard, Sandrine Meylan, Julien Cote, Jean Clobert et Olivier Lourdais), visant à comprendre, en lien avec le changement climatique, les points de bascule dans l’histoire de vie du lézard vivipare, conduisant au déclin d’une population. J’en dirais plus sur ces projets quand ils commenceront !
Le problème avec les financements, c’est qu’on se désespère un peu de pas en avoir et qu’on fini par demander à tous les guichets en même temps, en espérant qu’au moins quelque chose marche. Et d’un coup, par chance, vous obtenez (presque) tout en même temps ! Il y a donc un dernier financement à mentionner : j’ai été sélectionné pour une Chaire Junior à l’Institut Universitaire de France, ce qui comporte de nombreux avantages, dont du financement annuel pendant 5 ans !
Donc, au final, qu’est-ce que ça donne tout ça ? Déjà, ça veut dire que le suivi sur le lézard vivipare dans les Cévennes est dans une assez bonne situation : toutes les autorisations administratives sont en ordre pour quelques années avant que des renouvellements ne soient nécessaires et le financement a été acquis pour au moins les cinq années à venir (et plus, grâce à la super initiative de l’INEE pour soutenir les études à long terme !) Ensuite, ça veut dire que de nouveaux projets passionnants vont démarrer cette année, explorant à la fois la génétique/génomique et l’écologie évolutive de notre population de lézards vivipares (encore une fois, plus d’informations à ce sujet dans quelques mois, lorsque les projets commenceront).
OK, super, et au sujet du terrain lui-même du coup ?
Ah oui, tout ce qui précède s’est produit pendant cet été, mais le terrain lui-même aussi ! En gros, le terrain s’est déroulé sans heurts, avec des bons taux de capture et sans problème notable.
Un truc bizarre quand même: alors la reproduction en 2021 était plutôt en retard ) cause d’un printemps et d’un été plutôt froid et que 2022 était plutôt chaud, et donc en avance par contrast, l’année 2023 a été plutôt chaude (même si moins que 2022 en Juin) et pourtant la reproduction a été presque aussi tardive qu’en 2021 ! Est-ce que ça pourrait être dû à la période relativement froide qu’on a eu au mois de mai, ou est-ce lié à d’autres facteurs inconnus ?
Dans tous les cas, la reproduction (bien que tardive) s’est bien passé, avec pas mal de juvéniles en très bonne santé (voir ci-contre), qui seront, pour les plus privilégiés, recrutés comme reproducteurs dans les générations suivantes.
On a eu une autre surprise cette année : pour la première fois, un lézard des murailles (Podarcis muralis) a été repéré dans la population. Voir la photo de cette femelle à droite. Sa forme et sa coloration sont assez similaires à celles du lézard vivipare, bien qu’ils appartiennent à des Genres différents. C’est un mauvais présage, car les lézards des murailles ont tendance à prospérer dans des habitats plus secs et plus chauds que le lézard vivipare… Il reste à déterminer s’il s’agit d’un événement isolé ou du début d’une tendance.
On a également vu une femelle lézard des souches (Lacerta agilis, ci-dessous), mais ceux-ci sont régulièrement observés dans cette population. Pour le coup, c’est assez difficile de le confondre avec un lézard vivipare, vu la différence de taille !